Encore une inondation, prévisible, comme pour les plus graves …

Systématiquement, toutes ces inondations sont mises sur le compte des « pluies diluviennes », « torrentielles », « tempêtes » et toutes « perturbations météo » de plus en plus fréquentes on le voit. Les médias persistent à accuser le ciel, alors que, c’est notoire, ces inondations sont exclusivement le fait de l’homme et en particulier de sa politique :

– Depuis 50 ans la politique de démembrement rural ne faiblit pas : disparition des talus, déboisement, drainages, busages, comblements de Zones Humides, labours en profondeur, mécanisation à outrance, érosion (* 75 kg de terre arable par hectare et par jour de pluie, 120 jours de pluie en moyenne par an)

– Urbanisation galopante qui aboutit à faire disparaître l’équivalent d’un département français tous les 7 ans ! http://thau-infos.fr/…/69268-la-course-aux-terres…

– Terrassements sauvages de tout le territoire au profit des réseaux qui amorcent l’urbanisation : Le tout à l’égout en particulier participe au siphonnage, tant des nappes phréatiques que des porte-monnaie.

– etc.

Bref, des paysages bouleversés par l’homme et par les conséquences punitives de la nature…

Nos belles communes littorales, exposées aux politiques agricoles et foncières hystériques, n’échappent pas à cette règle. Pour exemple, les causes de la énième inondation paimpolaise nous révèle l’incurie politique :

– Depuis des lustres de nombreux exploitants persistent et signent à éventrer ou détruire les talus et buser les ruisseaux qui les gênent, et nous en avons même vu certains profiter du confinement et araser talus et zones humides pour gagner quelques m² sur les haies. Les autorités alertées ne font rien (collectivités et services de l’État).

– Ces ruisseaux et talus arborés, on ne peut, bien entendu, les restaurer sans être confronté au terrorisme de la FNSEA et des aides européennes à la surface…

– Pour aggraver la situation, des « ingénieurs » à la solde des lobbies ont pondu le principe de la « continuité écologique des cours d’eau », instituant un véritable remembrement hydrologique et ont fait ainsi sauter tous les biefs et les ouvrages médiévaux de régulation des cours (cf. scandale du déversoir de Tremeven), ce qui accentue les submersions et les sécheresses.

– Les serres qui drainent des volumes considérables d’eau pluviale n’ont pas de bassins de rétention suffisant pour réguler les pluies diluviennes.

– Exemple de Paimpol en particulier :

* La énième vague de béton en train de dévaler les pente de MALABRY a contribué à l’inondation ayant également frappé le secteur du Pont Neuf, mince échantillon (récent) de ce qui se passe encore sur toutes les communes des bassins versant littoraux… Pour info, les déblais provenant de Malabry ont été acheminés en douce sur un versant du ruisseau du Boutoul à Landouézec, et c’est comme ça partout et tout le temps (La FAPEL a alerté et insisté pour que la mairie dresse procès verbal).

* Les principaux tampons de régulation des inondations étaient les marécages (Zones humides) du Wern (avenue de Guerland), Kergo, Goasmeur, Penvern (ZA de Guerland), Castel pic & Goudelin(ruisseaux du Ouern et Goas Plat)…

Or, tous ces secteurs ont été urbanisés au mépris des règles de sécurité et de bon sens élémentaires. Avant le scandale actuel de Malabry, il y eu ceux notoires

de la cité de Gravelodic implantée en zone sourcière,

de la cité des chênes en zone sourcière,

du lotissement « Ar Woudenn » en zone humide le long du ruisseau du Wern, de surcroît sans bassin de rétention des eaux pluviales ;

citons aussi le lotissement de Kerleau à Plourivo implanté illégalement en pleine Zone humide recensée (!),

la cité de Pont Soazon à Plounez implantée en lieu et place de la mare de Kergo. Ne parlons plus du marécage de GOASMEUR où nous allions jouer étant gamins et qui a été envahi par la zone artisanale et réduit à sa plus simple expression,

De même la ZA de Kerfot au Savazou a drainé une large zone tampon à l’aplomb du Quinic, etc. etc. etc.

et je laisse imaginer les exactions agricoles sur les talus et zones arborées jusqu’aux confins sourciers du Quinic et du Canon…

Eh bien tout ça, bien évidemment accélère les eaux pluviales vers le Quinic… et le jour du passage de la tempête Alex, l’étang principal de régulation des submersions (Mahalez) a failli déborder parce que la vanne était défectueuse et sa crémaillère cassée !! C’est dire avec quel sérieux l’ex maire a traité la problématique pendant qu’il distribuait des permis de construire à-tout-va et faisait des dépenses de façade somptuaires pour « embellir » notre cité…

* Au-dessus de MAHALEZ il y a l’étang CANON. Cet étang inopérant et son moulin n’auraient jamais du être désarmés.

* Comme il n’y avait aucune maintenance, ni aucune gestion des eaux pluviales, les aqueduc du Quinic se sont donc obturés à cause des limons (*). Un devis de 500 000 euros est à l’étude pour curer ces conduites. On ne sera pas étonné que ce chiffre explose du fait de la déréliction financière ambiante. A noter que le réseau date de 1836 (cf. photo) et ne s’est jamais engorgé tant que les flux étaient bien gérés. Aussi, selon EVA et la FAPEL22, ce chiffre pourrait être réduit à néant si les procédures de management des flux (et de curage du port) étaient reprises, sauf que, de mandatures en mandatures, les archives concernant les plans et la gestion des réseaux sont régulièrement non recollées, juste pour montrer les priorités de nos ex élus…

* Aucun plan du réseau tel que celui établi par l’association EVA (cf. extrait de carte des eaux de EVA) ne semble donc intéresser les responsables pour prévenir et lutter contre les inondations, à tel point que le PPRI (Plan de Prévention des Risques d’Inondation, au demeurant illégal), ne traite que de la prévention des dégâts liés aux inondations et non à la prévention des submersions elles-mêmes (c’est à dire en amont). En conséquence, les mairies amont qui cherchent à implanter leurs énièmes lotissements en Zones humides ne sont inquiétées de contribuer à rajouter des tombereaux de pluie au ruisseaux aval…

Si je cite ces exemples locaux c’est que, pour bien faire et selon notre expérience contentieuse, nombre de communes détruisent en toute conscience les zones humides pour lotir, usant à ces fins toutes les ressources frauduleuses offertes par les rouages administratifs et le copinage ambiant.

Parmi les complices de cette fraude aux ZH il y a notamment :

la SAFER qui devrait préempter sur les terres agricoles, mais au lieu de jouer son rôle, elle se limite à « rabattre » le foncier vers les chasseurs de lotissements ;

le SAGE qui n’a pas recensé les zones convoitées, soit par ignorance, soit pour satisfaire sciemment la convoitise immobilière. Alors que le règlement prévoit de recenser en priorité les zones soumises à conflit d’intérêt ou d’usage, c’est tout le contraire qui se passe. On voit ainsi des recensements qui s’arrêtent bizarrement aux limites cadastrales des parcelles convoitées. Exemples du versant sourcier de Keristan transformé en piste motocross ou bien de l’environnement sourcier du Quinic le long de la RD7 à Kerfot objet de spéculation foncière autour d’un projet de voie express ! ou bien de Kercadiou à Lanvollon, notoirement humide… avant un projet de ZA, ou au Stivell   source en breton) à Louannec qu’en préalable à un projet de lotissement le SAGE a déclaré non humide… contrairement à l’expertise, ou bien, ou bien, ou bien… et partout pareil !!!

les cabinets d’expertise privés ou territoriaux (commentaire précédent) qui adaptent leurs conclusions aux nécessités des chantiers,

les services de l’État qui opposent une langue de bois aux alertes et semblent ouvertement copiner avec tout ce petit monde…

Voilà en gros quelques détails (documentés) illustrant les vraies causes des inondations et catastrophes associées. Comme ça on peut imaginer pourquoi il y a eu des morts dans le Tarn et ailleurs. Mais pointer sur ces causes profondes serait ouvrir la boite de Pandore des contentieux contre l’État et les collectivités…

Alors que des Médias s’évertuent à ne mettre en cause que la météo relève de la politique de l’Autruche et d’une volonté présumée de ne pas éclairer la conscience citoyenne. En effet, toutes ces causes peuvent être identifiées et traitées, mais voyez comme les catastrophes reviennent, voyez comme on déplore, voyez enfin comme rien n’est fait !

Le problème de fond vient-il de ces causes identifiées ou de tous ceux qui laissent faire ?

JC Jestin, président EVA et Vice Président FAPEL22
Muriel Fiannacca Présidente FAPEL22

Jean-Claude Jestin

Président de l'association EauxVivantes et vice président de la FAPEL22. Vétérinaire et installé à Paimpol, il a crée l'organisation "message d'islande" devenue EauxVivantes pour forcer une prise de conscience sur les effets néfastes des décisions politiques et individuelles... pour le profit et l'égoïsme personnel.

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